Les écrits sur les animaux au cinéma sont très rares (par exemple Les animaux du cinéma de Cartier et Gressard de 1994 mais centré uniquement sur les chiens) et pourtant « ils sont partout » comme l’affirme Camille Brunel, journaliste et critique de cinéma. Dans les jungles, les abattoirs, les océans, les fermes ou simplement comme compagnons. Son récent ouvrage publié chez UV Editions en 2018 a le mérite d’exister. Une multitude de documentaires (Grizzly Man, Océans)  mais aussi et fort heureusement d’œuvres de fiction, hollywoodiennes (Jurassic World, Hellboy 2) ou françaises (Petit paysan, Chouf) traitant de la question animale, de manière principale (L'odyssé de Pi, Roar, War Horse) ou accessoire (Je suis une légende) , consciente, engagée, militante ou pas, sont passés au crible. Le cinéma de Spielberg, de Jacques Perrin, de Hawks, Avatar, Zootopie, Blackfish, Noé ou The Revenant sont analysés à la lumière des théories animalistes, du spécisme, de la cruauté animale ou encore de l’anthropomorphisme. 

Toutefois – critique certes facile – certains films sont occultés. Le choix de l’auteur est bien évidemment délibéré et suit une certaine logique mais comment ne pas penser souvent à L’ours de Jean-Jacques Annaud et notamment aux films d’agression animale (Grizzly, Frogs) ou de vengeance de la nature qui méritent peut-être un ouvrage à part. On aurait aimé également avoir l'avis de Camille Brunel sur des films emblématiques basées sur des vraies histoires comme A Street Cat Name Bob (interprété par le vrai Bob le chat !) de Roger Spottiswoode ou encore Hatchi de Lasse Hallström. 

Passionnant et très fouillé à lire surtout les pages consacrés à la déconstruction du mythe de John Huston comme chasseur invertébré (big game hunter) avec The Misfits ou encore la relecture de Hatari de Howard Hawks comme film « brutalement décomplexé, odieusement spéciste ». Un ouvrage à lire (et avoir) par les cinéphiles mais aussi par les personnes intéressées et curieuses par la question animale.

Camille Brunel, Le cinéma des animaux, UV Editions, 2018, 253 p.

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