AIR AMERICA : Mel Gibson, le Laos et la guerre qui n’existait pas


« We are not here right now.
- Yeah I saw Nixon on TV.
- So, if we are not actually here, then, of course, this did not happen ».

Un des appareils de la compagnie Air America vient de s’écraser sur le tarmac d’une piste de décollage au Laos et son pilote est tué dans l’accident. Gene Ryack court vers la carcasse de l’avion et constate, bouleversé, que son ami est mort. Immédiatement, Rob Diehl, dont on comprend qu’il est le supérieur de Gene Ryack, s’approche de lui et lui rappelle que cet accident n’a pas eu lieu car « ils » ne sont pas là, dans la jungle du Laos. Cette phrase, surréaliste puisque les personnages se trouvent bien sur cette piste de décollage au milieu de la jungle, correspond au leitmotiv qui traverse tout le film : « ils » ne sont pas au Laos. « Ils », ce sont la CIA et des responsables de l’armée américaine, installés dans une base secrète pour mener des opérations clandestines dans la guerre qui fait rage au Laos, avec les avions Air America.

Air America est un film d’aventures de Roger Spottiswoode (réalisateur, entre autres, de Demain ne meurt jamais et À l'aube du 6ème jour) sorti en 1990. Les personnages principaux de Gene Ryack et Billy Covington sont joués par Mel Gibson et Robert Downey Jr. On retrouve également Michael Dudikoff (American Ninja) dans le rôle du Général Lee.

Bien que ce billet ne soit pas une critique du film, force est de constater que celui-ci n’a pas vraiment marqué l’histoire du 7ème art, loin s’en faut, malgré la présence de deux acteurs de renom, dont Mel Gibson qui connaissait alors un succès important après Mad Max et les deux premiers Arme fatale (d’ailleurs Air America voulait surfer sur le succès des buddy movies). Le film, sans être trop mauvais, n’est pas vraiment bon non plus. Pour les férus d’aviation, l’un des principaux atouts du film repose sur le fait que les cascades en avion, nombreuses, ne sont pas le résultat d’effets spéciaux mais ont bien été tournées avec de vrais appareils. Les décors et les dialogues sont corrects, certains traits d’humour sont même assez réussis, notamment les scènes avec le sénateur américain (interprété par Lane Smith), personnage plein d’arrogance et de suffisance, pourtant manipulé et moqué par tout le monde.

Malgré un ensemble de relativement bonne facture, il demeure une impression de film moyen, agréable à regarder mais dont on ne peut pas dire qu’il nous a particulièrement enthousiasmé. La faute à une intrigue qui peine à décoller malgré un sujet alléchant. Le film manque clairement de politiquement incorrect et de second degré : on attendait sur un thème comme celui-ci, soit une vraie noirceur et davantage de cynisme, soit un second degré assumé. On ne retrouve rien de tout cela : l’intrigue demeure trop manichéenne et finalement très conventionnelle. Certains personnages s’avèrent assez inutiles, notamment la cheffe du camp de réfugiés ou le pilote Jack Neely dont la mort n’arrive pas à nous émouvoir. En fin de compte, Air America laisse l’impression d’un Apocalypse Now ou d’un Platoon de seconde zone.

Le choix du sujet permet néanmoins de mettre en lumière un épisode méconnu de la guerre du Vietnam : les opérations clandestines de la CIA lors de la guerre civile au Laos pour soutenir les troupes Hmong, anticommunistes, contre le Pathet Lao, allié du Nord-Vietnam.

Lors de cette guerre, les États-Unis ne pouvaient pas intervenir au Laos, qui connaissait une situation semblable à celle du Vietnam. Malgré cela, la CIA et des responsables militaires américains soutenaient les anticommunistes en fournissant d’importantes quantités d’armes et des vivres mais aussi, de manière plus surprenante, en assurant le trafic de drogue pour le compte des autorités locales, trafic que les avions américains rendaient plus simple et plus rapide. Le film traite ainsi de la connivence et de l’implication de la CIA dans le trafic de stupéfiants entre le Laos et le Vietnam.

Pour ses missions clandestines au Laos, la CIA a fait bâtir une base secrète au cœur de la jungle laotienne, dotée d’une piste de décollage. Gene Ryack présente cette base comme la « deuxième plus grande ville du Laos » : il est vrai que la base accueillait 40000 personnes à la fin des années 1960, en dépit du fait que son existence ne fut jamais officiellement reconnue. Néanmoins, Air America et ses appareils ont eux une existence bien réelle[1] et légale : « strictly civilian » comme l’affirme le recruteur de la CIA qui vient à la rencontre de Billy Covington au début du film. 

1. La dissimulation des activités américaines : couvrez cette guerre que je ne saurais voir.


La position officielle des États-Unis, qui sont engagés dans la guerre du Vietnam, est que ceux-ci n’interviennent pas dans les affrontements qui ont lieu en parallèle au Laos. Cette position officielle est rappelée au début du film par un extrait d’un discours de Richard Nixon[2], l’administration présidentielle ayant constamment soutenu que les États-Unis ne disposaient pas de troupes au Laos. On soulignera ici un savoureux anachronisme dans le film : le discours de Richard Nixon est diffusé sur un poste de télévision en noir et blanc, alors que les réseaux de diffusion télévisuelle n’existaient pas au Laos à l’époque. Il était donc impossible que des agents stationnés au Laos puissent regarder le discours dans ce pays, à la différence des personnages du film[3]

Quoi qu’il en soit, ceci correspond à la réalité des faits : en 1971, le Congrès des États-Unis interdit à l’armée de terre d’intervenir au Laos et au Cambodge, pays limitrophes du Vietnam qui étaient des théâtres parallèles de la guerre dans laquelle étaient engagés les États-Unis, le Pathet Lao et les Khmers rouges bénéficiant du soutien logistique et alimentaire du Nord Vietnam[4] . En dépit des dénégations officielles du Président Nixon, la CIA et des responsables de l’armée américaine ont été présents sur place pour soutenir les troupes Hmong contre le Pathet Lao par le biais d’actions paramilitaires[5]. Cependant l’exécutif américain n’entend pas revendiquer ni assumer ces opérations, ni au niveau interne, ni au niveau international. La présence américaine au Laos est et doit continuer à être dissimulée vis-à-vis de l’extérieur, particulièrement vis-à-vis du Congrès des États-Unis. L’interdiction absolue de faire allusion à la présence américaine au Laos constitue la règle fondamentale pour le personnel clandestin sur place et la plupart des personnages rappelle cette position officielle – le plus souvent avec ironie.

Tout l’enjeu de la dissimulation des activités de la CIA dans le pays est cristallisé par la visite du sénateur Davenport, évoqué plus haut. Celui-ci procède à une visite « d’établissement des faits » (« fact finding mission ») au Laos pour enquêter sur les rumeurs selon lesquelles les appareils Air America serviraient pour des actions paramilitaires et aideraient à transporter de la drogue. Il est accueilli à l’aéroport de Vientiane par le major Lemond, Rob Diehl et le Général Lu Soong. Le personnage du Général Soong est la représentation fictionnelle de Vang Pao, le général de l’armée royale laotienne qui dirigea la guérilla hmong contre le Pathet Lao avec l’appui de la CIA. Pendant son séjour, le sénateur Davenport est « pris en charge » par le major Lemond et Rob Diehl pour visiter des temples et des camps de réfugiés, afin de le tenir éloigné des activités litigieuses d’Air America et ne pas le conduire à la base de Long Tieng. Plusieurs fois, le sénateur questionne ses hôtes sur l’existence d’un trafic de stupéfiants dans la région ou de la base secrète de la CIA. À Gene Ryack qui pilote l’avion le transportant jusqu’à un camp de réfugiés, Davenport lui demande où se trouve la base secrète ; ce à quoi Ryack répond, embarrassé « De quelle base secrète parlez-vous ? » (« Which secret airbase would that be, Sir ? »). Le sénateur est conscient que l’on essaye de le détourner de ce qu’il recherche, mais reste totalement sous la coupe des responsables de la CIA.

Cette dissimulation est en réalité assez grotesque tant il est évident que la CIA mène des opérations paramilitaires dans le pays. Les autorités locales sont parfaitement informées de la présence américaine et bénéficient clairement de son soutien logistique. Les troupes révolutionnaires du Pathet Lao sont aussi tout à fait conscientes de la présence de détachements américains sur le territoire laotien. Bien que le film ne les montre que succinctement, les ennemis attaquent chaque fois qu’ils sont montrés à l’écran : au début du film, lorsqu’un paysan abat un avion Air America avec un fusil (!) et surtout à la fin, lors de l’attaque du camp de réfugiés par le Pathet Lao. Personne ne semble pourtant s’en offusquer : on se trouve dans une situation ubuesque où la présence américaine doit davantage être cachée aux représentants du Congrès qu’à la population et aux combattants locaux !

Le film n’évoque jamais directement des éléments de droit international, mais le juriste internationaliste y décèlera des indices importants « en creux ». L’existence légale de la compagnie Air America et l’insistance dont font preuve les agents américains lorsque ceux-ci rappellent qu’elle n’assure qu’un service strictement civil, témoignent de l’importance accordée à l’existence d’une « couverture » licite des activités américaines au Laos.

En dépit de la « couverture » légale dont ces activités bénéficiaient, il n’en demeure pas moins que les États-Unis auraient pu être reconnus comme les auteurs des faits. L’imputabilité à un État de faits réalisés par des personnes privées est une hypothèse d’imputabilité classique en droit international[6], même dans l’hypothèse où les agents n’ont pas procédé officiellement, selon l’arrêt de la Cour internationale de justice : « […] les ressortissants des États-Unis participaient à la préparation, au commandement et au soutien [des forces contras opposés au gouvernement sandiniste du Nicaragua, pour diverses attaques contre des objectifs civils]. Il apparaît donc à la Cour que l’imputabilité de ces attaques aux États-Unis est établie »[7]

Les efforts déployés pour maintenir dans la clandestinité les opérations américaines ne sont pas sans rappeler la situation des Contras au Nicaragua, à laquelle il est fait mention dans l’épilogue du film : on apprend que le major Lemond sera par la suite suspendu pour son implication dans l’affaire Iran-Contra[8].

Si les activités sont dissimulées, il s’agit avant tout de contourner l’interdiction faite par le Congrès d’intervenir au Laos. Il est vraisemblable que la dissimulation vise également à ne pas impliquer « directement » les États-Unis dans le conflit armé alors en cours.

Deux éléments peuvent expliquer cette volonté de dissimulation vis-à-vis de l’étranger, au-delà des considérations de politique nationale américaine. D’une part, les États-Unis ne voulaient pas élargir et complexifier le théâtre de la guerre du Vietnam en s’engageant sur le territoire de deux États, contre des ennemis alliés. D’autre part, dans le contexte de la guerre froide, les États-Unis ne désiraient pas prendre le risque de violer ouvertement l’accord américano-soviétique de 1961 en vertu duquel les deux superpuissances s’étaient engagées à respecter la neutralité du Laos[9], ce qui dissuadait les États-Unis d’envoyer de manière officielle des troupes au Laos. L’argument était davantage politique que juridique, puisque les États-Unis auraient pu intervenir à la demande du gouvernement laotien[10]. En intervenant à la demande du gouvernement et au soutien de celui-ci, les États-Unis ne pouvaient dès lors pas être accusés de s’immiscer illicitement dans les affaires intérieures du Laos, ni d’user illicitement de la force contre cet État.

En outre, au-delà de la simple présence, la dissimulation est aussi de rigueur pour les activités plus frauduleuses de la part des équipages Air America au Laos.


2. Air America, des « mules » en zone de guerre


La participation active de la CIA et des appareils Air America au trafic de drogue est rapidement suspectée par le spectateur. On comprend dès les premières scènes que les agents américains au Laos ne se limitent pas à assurer un soutien logistique aux factions anticommunistes en restant neutres vis-à-vis du trafic. La participation active devient avérée lors de la scène dans laquelle on voit le major Lemond s’entretenir avec l’état-major laotien dans un laboratoire lugubre où l’opium est traité et transformé.

Dans l’une des dernières scènes du film, les responsables américains, qui désirent se dédouaner de la participation au trafic de drogue auprès du sénateur Davenport, tendent un piège à Covington pour le prendre en flagrant délit et le désigner comme seul responsable du trafic. Sachant que l’appareil qu’il pilote contient des cargaisons de drogue et, tandis qu’ils sont accompagnés du sénateur, ils tentent de le prendre en défaut en lui ordonnant de se poser pour que le sénateur constate que le pilote est compromis dans ce trafic. Comprenant rapidement que l’ordre donné par ses supérieurs est un piège, Covington fouille l’avion et s’aperçoit de la présence des sacs en toile contenant de l’opium.

Le film s’inspire ici aussi de faits réels, à savoir la participation de la CIA au trafic de l’opium au Laos pendant la guerre du Vietnam. Lorsque la CIA soutenait secrètement la population Hmong contre le Pathet Lao, la culture du pavot constituait la principale source de revenus pour cette population. Or, les troupes du Pathet Lao contrôlaient la Plaine des Jarres, dans le nord du pays, à partir de 1964, ce qui empêchait aux appareils de l’armée royale laotienne de se poser dans cette région stratégique pour le trafic d’opium. Privés de la possibilité de faire prospérer leur principale source de revenus, les Hmongs se trouvaient dans une situation économique intenable face au Pathet Lao. C’est ainsi que, pour soutenir son allié local Vang Pao, la CIA eut recours aux appareils d’Air America, seuls autorisés à survoler la zone, pour acheminer l’opium cultivé dans les montagnes de la région de la Plaine des Jarres vers la base de Long Tieng[11].

Il faut cependant ajouter que la participation active de l’agence au trafic d’opium reste controversée, des versions contradictoires démentent que des agents aient été impliqués dans un tel trafic[12]. Il est en tout cas certain que la CIA a, à tout le moins, « fermé les yeux » sur le trafic auquel s’adonnaient les troupes royalistes sur place comme le décrit Alfred Mc Coy[13]. Ainsi, le film retranscrit de manière assez fidèle les éléments relatés par ce dernier : les vols et le parachutage des vivres au-dessus des régions où se trouvent les troupes anticommunistes, ainsi que l’usine secrète où sont fabriqués les stupéfiants près de la base secrète américaine.

Conclusion


Air America met en lumière un pan méconnu de la guerre du Vietnam mais il peut être intéressant de placer les activités litigieuses de la CIA dans le contexte plus large des relations troubles que l’agence a pu entretenir avec les réseaux et les cartels de narcotrafiquants, parfois dans d’autres situations de conflits armés, que ce soit au Laos, au Vietnam mais aussi en Colombie, au Panama et en Afghanistan[14].

De plus, le film présente des éléments factuels d’une ressemblance troublante avec la situation au Nicaragua: interdiction faite à la CIA d’intervenir, intervention du Congrès, trafic de drogue par les contre-révolutionnaires. L’affaire Iran-Contra a eu lieu après la guerre du Vietnam et les actions de la CIA au Laos, mais avant la sortie du film en 1990. On peut imaginer que le scandale survenu trois ans plus tôt a eu une certaine influence sur les scénaristes et le réalisateur, à plus forte raison compte tenu des liens qui existaient entre les protagonistes américains dans ces deux affaires.

Enfin, il est à noter que ce film a donné lieu à une série avec Lorenzo Lamas (Le Rebelle) se déroulant dans un pays fictif d’Amérique latine appelé Costa Perdida. La série s’éloigne assez clairement du film, en termes de lieu de l’action et surtout d’intrigues : il s’agit d’aventures différentes à chaque épisode, avec deux protagonistes principaux officiellement pilotes de la compagnie Air America, mais en réalité agents de la CIA. La mission de ces agents est selon l’épisode et la mission du jour, de protéger des témoins, d’enquêter sur un crime ou de sauver des vies… Les amateurs de séries B et les nostalgiques des années 90 adoreront !

Aujourd’hui, la société mondiale de l’information laisse à penser qu’il serait difficile de cacher durablement un soutien militaire ou logistique de grande ampleur sur le territoire d’un autre État. Difficile mais pas strictement impossible : dans des contextes pourtant différents, on retrouve parfois la problématique de savoir si des agents d’un État opèrent sur le territoire d’un autre État, présence tantôt assumée[15], tantôt contestée[16], mais le plus souvent dissimulée[17].

Arnaud LOBRY, doctorant à l'Université Cergy-Pontoise. 

[1] Pour plus de détails, v. http://www.air-america.org/air-america-history.html
[2] V. Robbins, Christopher, Air America, Hachette, 2012, p. 322. 
[3] V. http://www.presidency.ucsb.edu/ws/?pid=2902. 
[4] V. Le Laos pour tous, p. 32. 
[6] Article 8 du Projet d’articles de la Commission du droit international sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite. 
[7] CIJ, Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, Nicaragua c. États-Unis, arrêt du 27 juin 1986, § 86. 
[8] L’affaire Iran-Contra correspond au scandale provoqué par la découverte de la vente d’armes par des membres de l’administration Reagan à la République islamique d’Iran, en violation des interdictions formulées par le Congrès, pour financer la contre-révolution au Nicaragua. Pour plus d’informations, v. http://www.u-s-history.com/pages/h1889.html 
[10] V. Corten, Olivier, Le droit contre la guerre, Pedone, 2014, pp. 476 et s. 
[12] V. https://www.cia.gov/library/center-for-the-study-of-intelligence/csi-publications/csi-studies/studies/winter99-00/art7.html ; et Peebles, Curtiss. Twilight Warriors: Covert Air Operations Against the USSR, Naval Institute Press, 2005, pp. 254-255. 
[13] Pour un récit extrêmement détaillé : v. McCoy, http://druglibrary.eu/library/books/McCoy/mccoy.pdf. 
[14] Dale Scott, Scott, Drugs, Oil, and War: The United States in Afghanistan, Colombia, and Indochina, Rowman & Littlefield, 2003, 227 pages. 
[15] On peut citer le retrait des avions russes, v. http://www.france24.com/fr/20160318-rapports-contradictoires-presence-avions-combat-russe-syrie-russie-palmyre-etats-unis.
[16] On pense aux allégations d’interventions de soldats russes en Ukraine, dont la présence est férocement contestée par la Russie : http://www.lemonde.fr/international/article/2014/08/28/des-soldats-russes-combattent-l-armee-ukrainienne-dans-l-est-du-pays_4478006_3210.html. 
[17] V. http://www.lemonde.fr/international/article/2016/06/21/l-usine-lafarge-en-syrie-est-devenue-une-base-des-forces-speciales-occidentales_4955033_3210.html.

1 commentaire :

  1. Regardez des films ici vous-même https://filmsenzalimiti.page/ Je pense que c'est vraiment approprié, je pense que vous ne le regretterez pas

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